ART ROCK 2024 : QUELLE CLAQUE !
ART ROCK 2024 EN CHIFFRES :
82 000 spectateurs
12 lieux de concerts, spectacles et expositions
73 spectacles, expositions et concerts
200 enfants placés et mineurs isolés bénéficiant d’un concert privé
42 visites guidées au musée dont 950 scolaires accueillis
1 concert dans un EHPAD et 2 visites guidées au musée
120 places offertes à des associations
10 000€ de dons versés à des associations
15 000 assiettes servies par Rock’n Toques
225 salariés
685 bénévoles
480 artistes & équipes artistiques
1 200 chambres d’hôtel
180 entreprises partenaires et mécènes
260 prestataires et fournisseurs dont 55% de locaux
90 concerts et dj-set dans le OFF du festival « Artbist’rock’ »
Nous avions prédit à l’annonce de cette 41e édition un festival « à la fois rassembleur et percutant, familier et étonnant, éclectique et unique dans son genre, bien dans son temps et de toutes les générations à la fois ». Pari rempli pour ce cru 2024 qui a rassemblé 82 000 festivalières et festivaliers de tous âges, autour de 73 propositions artistiques. Un week-end de la Pentecôte riche en émotions, en pas de danse effrénés, en hurlements fiévreux, en effusions festives, en découvertes artistiques qui touchent droit à l’âme. Tour d’horizon de quelques coups de génies qui ont fait battre à l’unisson le cœur de la ville de Saint-Brieuc et de ses festivalier.e.s .
Dès l’ouverture du vendredi 17 mai, c’est une myriade de sourires qui s’amassent devant la Grande Scène pour accueillir Olivia Ruiz, grande habituée du festival avec sa ribambelle de tubes qu’elle enchaîne devant un public qui reprend toutes les paroles en chœur. Elle laisse la place au jeune Favé qui enchaîne à toute berzingue ses titres rap : ravageur ! Luidji, entouré de ses musiciens et d’un décor de proues de bateaux, retourne le public avec son univers entre mélancolie sombre et hip-hop lumineux. Un rappeur qui se mue en vraie rockstar. Le concert des Libertines, date unique en Bretagne, retour tant attendu et ultra émouvant des rockeurs anglais, emplit nos oreilles d’une bonne dose de décibels méritées : la grande classe ! En fin de soirée, le show énergique et tout en couleurs de Julien Granel emporte la ferveur du public qui s’agite dans tous les sens, à l’image de l’artiste qui oscille entre la scène et la tour régie.
De l’autre côté du site principal du festival, au pied de la cathédrale du XIIIe siècle, la Scène B est une longue vue qui permet de voir directement dans le futur : ici, pas de catégorisation par genre musical, les artistes inventent leurs propres paradigmes à l’image de Zed Yun Pavarotti avec son rock-rap, Alter Real avec sa pop-electronica, Joanna avec sa pop-rock-électronique prônant l’oxymore d’une dépression joyeuse et Romane Santarelli avec son électro qui radie autant qu’elle tabasse.
Après avoir festoyé toute la nuit au Forum où la chaleur des rythmes r’n’b et de la voix de Violet Indigo, de la grande transe électronique des musiciens de Tukan et des génies géniaux Deki Alem ont secoué les festivalier.e.s, voilà que le samedi arrive avec son lot de surprises !
On débute la journée au Musée où huit artistes proposent une relecture contemporaine de l’Art antique et de la mythologie grecque. Voyage hellénique du 14 au 26 mai avec les œuvres des Français Théo Mercier, Léo Caillard et Société Volatile, de la Canadienne Sabrina Ratté, des Anglais Simon Faithfull et HEY_REILLY, de l’Autrichien Mario Terzic et de l’Allemand Edouard Baribeaud. Captivant.
Un cour de yoga suivi d’une vélo parade plus tard, et nous voilà prêt.e.s pour une irrésistible après-midi au parc de la préfecture des Côtes d’Armor avec le zinzin JOUBe et son vélo bidouillé qui sample des sons enregistré dans les environs, le mystérieux Lesneu et ses ballades indie-pop et l’extravagante compagnie Arenthan pour leurs reprises décalées des codes sportifs. On file au Petit Théâtre écouter le débat sur la programmation à l’heure du streaming, en finissant notre plat gastronomique Rock’n Toques du midi : miam !
Après avoir rendu notre vaisselle réutilisable (c’est peut-être un détail pour vous, mais pour un festival engagé dans sa décarbonation comme Art Rock, ça veut dire beaucoup !), on file devant la Grande Scène admirer la beauté du show de Yamê, prodige de la nouvelle scène pop urbaine. Véritable révélation, il emporte le cœur du public qui reprend ses paroles en chœur : bah ouais, bah ouais, c’est ça le talent. Du talent et de la beauté aussi chez Clara Ysé qui envoûte avec ses poésies et sa voix. Entourée de ses musicien.ne.s, elle nous prouve ce qu’elle nous annonçait dans ses chansons: elle maîtrise les mirages, en cachant toute sa rage dans une apparente douceur. Le samedi soir file à mille à l’heure et met en avant des voix : celle de Hoshi, avec ferveur et gouaille, qui dépeint le destin d’étoile (Hoshi en japonais) de cette chanteuse pop qui n’a rien d’anodin ; celle s’exprimant dans un chanté-parlé grave autant que dans de belles envolées aiguës de Coline, chanteuse du groupe Fallen Alien qu’elle a créée avec son frère dans leur maison familiale du Cap Fréhel. Mais aussi, et peut-être surtout, celle de Skye Edwards qui mène le trip-hop de Morcheeba avec force et fierté : reconnaissable entre toutes, puissante, sensuelle, hypnotisante, chaude…
Après avoir été découverte sur la scène B du festival l’an passé, la merveilleuse Zaho de Sagazan monte sur la Grande Scène en tête d’affiche dans un silence assourdissant : tout le monde retient son souffle et ses larmes lors d’une première moitié de concert émouvante où elle enchaîne ses morceaux d’une sensibilité dingue. On avait pu l’observer cette fragilité, plus tôt dans l’après-midi, quand la jeune artiste avait filé en toute discrétion à l’EHPAD des Champs au Duc pour y chanter quelques morceaux aux résident.e.s. Une attention d’une classe absolue, quand on la sait au milieu d’une tournée extra-large. Mais ça, Zaho elle le passe d’un revers de la main. Ne nous étendons pas sur le sujet du naturel déconcertant de cette artiste et revenons place Poulain Corbion pour assister à une métamorphose : là, au détour d’une chanson, elle harangue le public « lââââââche toi!!! ». Les festivalier.e.s obéissent directement, chaloupant sur ses rythmes électroniques, éblouis par cette belle scénographie. La fin de soirée sera toute aussi tonitruante avec le cagoulé Kerchak, icône de la jersey drill, qui renverse le public de la Scène B devant sa scénographie de la gare de Bois Colombes. Pfiou, pas le temps de respirer car voilà qu’arrive l’Australienne Sam Quealy, comme sortie d’un vaisseau spatial originaire d’un univers lointain où la techno et la pop ne ferait qu’un, où il serait possible de danser toute la nuit dans une liberté totale. Ses danseurs et elles offrent au public de fans absolus un show sexy, queer à souhait. On les adore. Tout comme les trois compères de la French Touch Etienne de Crécy, Boombass et DJ Falcon qui revisitent les tubes et pépites de ce courant musical qui fête ses 25 ans cette année dans un show brillant. Jamais à bout de souffle, on pénètre dans l’arène du Forum en pleine forme : il en faut pour cette soirée qui décline le rock de toutes ses manières. Rock décalé frisant avec la pop avec Ditter, rock comme art punk lorgnant vers les 70s avec les Canadiens de La Sécurité, rock car libre comme la rave hallucinée et hallucinante des génies de Fat Dog.
Dimanche matin, nous trotte encore en tête Black Lights qui jouait la veille et encore ce soir au Grand Théâtre. La mise en scène et en mouvements par la chorégraphe Mathilde Monnier de ces textes d’autrices internationales sur les violences faites aux femmes s’est accrochée a nos rétines, nos estomacs noués, nos cœurs serrés. La lutte est encore longue pour l’égalité, mais Art Rock continue d’y prendre part à travers sa programmation.
Voilà déjà le 3e jour d’Art Rock! Dimanche, aucun blues à l’horizon du ciel bleu, mais un programme chargé, annonciateur de moments de grâce avec une carte blanche généreuse d’Etienne Daho. Le premier jour du reste de la vie d’Art Rock : Le programmateur du jour arpente les rues de la ville pour découvrir les différents lieux du festival qui lui ont inspiré cette programmation 5 étoiles, avant son concert du soir qui s’annonce déjà comme l’apothéose de ces 3 jours sublimes. Cet après-midi, on virevolte entre l’exposition photo de deux des plus grands portraitistes français Richard Dumas et Antoine Giacomoni, les projections des films d’Antoine Carlier et Gaël Morel au Petit Théâtre et les balances du concert de Lou Doillon qui a répété une dernière fois à Bonjour Minuit la veille avec ses musiciens pour cette incroyable création autour de son premier album Places, réalisé par Daho, qu’elle n’a jamais joué dans son intégralité en live et qu’elle offre ce soir aux spectateur.ice.s. Quel beau cadeau ! Pendant ce temps, Irène Drésel est allé acheter des fleurs pour agrémenter sa scénographie du soir, tandis qu’Eddy de Pretto et Global Network profitent du soleil en terrasse. Au Village où les Musiciens du métro ont ravis les curieux tout le week-end, les guitares se préparent à vrombir pour cette soirée de célébration du rock rennais avec Complot, Frakture et Les Nus. Dans les loges de la Scène B, c’est les retrouvailles des amis avec Calypso Valois, Flavien Berger, Moodoïd et Frànçois and the Atlas Mountains (dans sa forme originelle pour fêter les 10 ans de leur album Piano Ombre, s’il vous plait !). La nuit se finira au Forum avec les rugissements électriques et électroniques de Batterie Faible, Fotomatic, Unloved et Moïse Turizer.
On vous laisse, on ne voudrait pas en perdre une miette !
Demain, si ce tourbillon de sons marquants, d’images puissantes, d’émotions frappantes vous manque déjà, notez bien dans vos agendas les 6, 7 et 8 juin 2025 pour la 42e édition d’Art Rock, toujours à Saint-Brieuc, toujours avec un public fidèle des plus curieux.